Les travaux du LIEN s’intensifient
Côté Saint Gély du Fesc, l’échangeur à trois niveaux sera ouvert en 2024. Comme prévu, sa mise en service rythme avec une nouvelle phase de bétonisation. Dès mi-2024 les chantiers de construction de Pic Studios, dont le permis de construire a été obtenu début janvier 2024, détruiront plus de 10 ha de pinède pour y édifier des plateaux de tournage de cinéma de 3 000 m2.
Côté Grabels, le LIEN s'approche des rives de la Mosson en 2024. Un ouvrage d’art doit être construit pour que le trafic franchisse le cours d’eau à plus de 7 mètres de haut. Ce nouveau chantier menace les habitats d’animaux de bords de rivière et en particulier la Loutre d'Europe, mammifère en voie d’ extinction dont la présence est aujourd’hui avérée. En témoignent les récentes prises de vue que nous avons effectuées grâce à des caméras positionnées sur la Mosson durant le mois de décembre dernier.
Avec ses 3 échangeurs sur 7 kilomètres de route, le LIEN détruit plus de 170 ha de terres agricoles et d’espaces naturels, dont 70 ha directement impactés par l’emprise de la route et plus de 100 ha par les zones d’activités.
Le LIEN menace 136 espèces protégées. La régularité des arrêtés obtenus ne les rendent pas légitimes. Ils confortent une vision étriquée de la biodiversité focalisée sur des listes d’espèces et des dérogations. Les compensations environnementales pour les destructions induites par le LIEN ne compensent rien. Ainsi, dans le cas des Glaieuls douteux :
· Les surfaces acquises au titre des mesures compensatoires sont du foncier en bon état. Aucune amélioration du milieu n’est réalisée, aucun gain n’est effectué .
· Quant au taux de réussite des transplantations des espèces protégées effectuées au titre de l’accompagnement, le gain est faible avec des taux de reprise estimé à moins de 10% selon nos sources.
Enfin, le principe d’équivalence sur lequel se fondent les compensations n’empêche pas la destruction et la bétonisation accélérée du Nord de Montpellier.
Une fois encore, le Département de l’Héraut, est juge et partie : il est le maître d’ouvrage du LIEN, et il est in fine le seul à contrôler l’ensemble des protocoles opérationnels et à maîtriser la totalité des règles de communication. Aucune information n’est accessible, aucun résultat sur les taux de réussite des transplantations effectuées au titre des compensations environnementales n’est transmis malgré les demandes réitérées d’accès aux informations. L’opactié de l’information est totale.
Nouvelles des tribunaux
Les recours juridiques ne sont pas épuisés.
Un recours sur le fond sur la dérogation additionnelle aux espèces protégées porte en particulier sur la « Raison d’Intérêt Public majeur » : les raisons invoquées pour déroger à la règle environnementale dans la dérogation obtenue par le Département en 2021ne répondent pas à l’objectif de conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore sauvage. Pour être fondé en droit il faudrait que les méthodes et les prévisions avancées revêtent un caractère exceptionnel à même de démontrer que le L.I.E.N. apporte un bénéfice environnemental. Or, le LIEN comme tous les autres projets routiers participe des émissions de CO2, de l’artificialisation des sols et de la destruction de la biodiversité.
Quelque soit le verdict juridique attendu pour 2024, les destructions environnementales nous conduisent vers l’irréversible.
LE MORATOIRE EST UNE URGENCE
De manière incrémentale, chaque bout de route, pour local et anodin qu’il soit, contribue à augmenter le volume de trafic, le volume des gaz à effet de serre et le nombre d’hectares de foncier sacrifié sous le bitume ou sous le béton de nouveaux bâtiments. Les effets cumulés des routes et du béton sont destructeurs. Le LIEN n’échappe pas à cette évidence. Le secteur des transports routiers représente 30% des émissions degaz à effet de serre. Avec la Déroute des Routes nous demandons un moratoire au niveau national car tout à bout les 55 projets routiers contestés détruisent l’équivalent de la surface de la métropole lyonnaise et gaspillent 18 milliards d’Euros.
Chaque bout de route nous éloigne de la trajectoire bas carbone et de la réduction de l’artificialisation des sols. Les alternatives existent. Encore,faut-il avoir le courage d’entreprendre des virages.
Ceux qui imposent les routes et l’urbanisation le savent et font comme si de rien n’était. La loi du silence prime.
Lire et méditer la citation à témoin de Christophe Cassou,rapporteur du GIEC, le Mercredi 17 Janvier 2024, 14h lors de l’audience du procès des écureuils au tribunal correctionnel de Toulouse
« 2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée sur le globe. En France, elle se classe au 2e rang tout juste derrière 2022, l’année dernière. Les faits sont têtus : au-delà de 2023, ce sont les dix dernières années qui ont été les années les plus chaudes jamais enregistrées sur le globe et il faut très probablement remonter à 125.000 ans pour retrouver une décennie avec un tel niveau de température planétaire.
Le rythme du réchauffement est sans précèdent depuis au moins 2.000 ans. Les changements sont généralisés, rapides, affectent toutes les régions du monde, et ils s’intensifient. Et c’est désormais un fait établi : l’intégralité du réchauffement global observé aujourd’hui est attribuable aux activités humaines et plus précisément à l’usage des énergies fossiles, le pétrole, le gaz naturel et le charbon, puis l’usage et l’artificialisation des sols incluant la déforestation. Pas 50%, pas 80% mais 100% du réchauffement planétaire est dû à l’influence humaine, de manière sans équivoque.
(...)
Différence entre opinions et faits. L’attribution du changement climatique aux activités humaines que je viens de décrire ne correspond pas à mon avis, à mes opinions. C’est un fait scientifique. »
Lire l’intégralité du discours de C.Cassou, rapporteur du GIEC, dans le journal Bon pote du 22/01/2024.
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Sos Oulala, le 30 janvier 2024
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